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Quand les applications nous aident à trouver le grand amour

Les applications de rencontre sont-elles un eldorado pour les célibataires en manque de vie sexuelle ou en quête d’une idylle à deux ? La question se pose en cette année marquée par la pandémie de Covid-19.
Depuis le déconfinement du 11 mai dernier, 90% des célibataires, rien que ça, disent chercher un seul partenaire pour établir une relation stable, selon une enquête de l’IFOP.
Pendant cette période de reconfinement, au-delà du simple coup d'un soir, ces applis servent surtout à vaincre la solitude et, pourquoi pas, trouver le grand amour...


Les néophytes des applications de rencontre ont le choix entre plus de 2000 propositions selon Statista pour essayer de trouver l'amour.
Les néophytes des applications de rencontre ont le choix entre plus de 2000 propositions selon Statista pour essayer de trouver l'amour.
Vincent vient d'avoir la trentaine. Comme beaucoup de ses concitoyens de son âge, il aimerait trouver l’amour. Il s’est donc inscrit sur Tinder, Fruitz, Bumble, Happn, mais il a testé "en vérité” toutes les applications de rencontre, depuis un an environ. Sa préférée, c’est Tinder. L’application est la plus simple d'utilisation, et puis, “c’est là qu’il y a le plus de personnes” selon le jeune brestois. Il a raison car Match Group, le géant américain de la rencontre en ligne et maison-mère de Tinder, revendique 10,8 millions d’utilisateurs dans le monde, entre juin et septembre 2020, contre 9,6 millions l’année dernière. Une augmentation due au confinement selon l’appli à la flamme. Pour revenir à Vincent, il aurait été prêt à braver le confinement mais n’a trouvé personne : “le confinement de mars m'a fait arrêter les applis de rencontre. Mon but était de rencontrer quelqu’un pour du sérieux et les applis se sont trouvées saturées de filles voulant passer le temps juste en discutant. Donc une perte de temps pour moi.”
Vincent a depuis réinstallé ces applications de rencontre. Il peut rencontrer plus de personnes grâce à un reconfinement moins strict qu'au printemps dernier. "Les applis me sont très utiles pour le coup. Personne ne respecte le confinement et je rencontre des filles. Cela remplace d'autant plus les lieux de rencontre physique.”
Chloé, 23 ans, originaire du Mans en Sarthe, a trouvé les applications qui lui conviennent : Fruitz et l’incontournable Tinder. Grâce au recours à ces applications lors du confinement, la jeune mancelle peut avoir des interactions autres que ses amis, rencontrer des nouvelles personnes d’une façon virtuelle et elle avoue qu’elle peut parler de choses plus intimes. Elle ne refuserait pas une stabilité amoureuse : “je vois mes amis qui ont eu des relations grâce aux applis lors du premier confinement, alors forcément, ça donne envie.”
C’est le cas par exemple de Kilian, jeune ardennais de 21 ans, où son utilisation des applications de rencontre pendant le premier confinement l’a amené vers une relation amoureuse. Il a bravé le premier confinement pour voir son copain actuel : ”ça valait le coup, je ne suis pas seul pour ce second confinement.”
La solitude, un facteur déclencheur pour la recherche de stabilité
Pour certains, la solitude peut être suffisamment importante pour vouloir atteindre une stabilité amoureuse. Le confinement accélère parfois ce phénomène comme pour Emma, 22 ans, étudiante en région parisienne. Au bout d’une semaine du second confinement, la jeune femme décide de réinstaller l’application Tinder afin de trouver la perle rare.
Corinne Riest, sexologue au Mans, confirme que le confinement peut être un déclencheur auprès des personnes célibataires dans le fait de s’inscrire sur les applications de rencontres. Elles oseraient davantage franchir le pas car les tensions de la crise sanitaire et du confinement provoqueraient notamment de l’anxiété et une certaine solitude chez les personnes seules. Conséquence : elles décident de s'inscrire sur les applis de rencontre.

Corinne Riest, sexologue au Mans en Sarthe. ©Studiophotojm2
Corinne Riest, sexologue au Mans en Sarthe. ©Studiophotojm2

Plus de trois milliards : c’est le nombre de swipes que Tinder a dénombrés le 29 mars dernier, un record pour l’application emblématique de la rencontre en ligne. Swiper, c'est simple : à droite, j'aime le profil proposé ; à gauche, je n'aime pas. La dimension ludique est très importante pour Emma : “j’aime bien les algorithmes, le hasard [...] Faire le geste, je trouvais ça marrant”.
Sortir de la frénésie des applis
Pourtant, la réalité est bien éloignée des utilisateurs accros à leurs téléphones. Pour Aurore Malet-Karas, docteure en neurosciences, “on est quand même une société judéo-chrétienne basée sur une cellule familiale très très forte. Quand il y a des crises, les gens retournent vers des choses qu’ils connaissent, qui sont rassurantes. Les gens sont donc retournés vers un couple stable, ce qui est plus rassurant que de chercher des partenaires.”
Loïc, un étudiant en commerce de 21 ans, en est la preuve. En juillet, il décide d’installer non pas une, mais quatre applications. Mais fin octobre, à l'annonce du second confinement, il décide que sa dernière relation en date sera plus sérieuse que prévu : “je n’avais pas envie d’être dans la prise de tête, de commencer des nouvelles discussions, je voulais rester dans mon confort et une stabilité.”
La demande est donc grande chez les célibataires français pour trouver l’amour. Les applications tentent de s’adapter à cette nouvelle demande, comme Voxlov, une des dernières venues sur le marché. Elle met l’accent sur la voix, pour “remettre un peu de chair dans la rencontre”, selon sa co-créatrice Aurore Malet-Karas.

Aurore Malet-Karas est docteure en neurosciences, sexologue et thérapeute. Elle a créé Voxlov, la seule application de rencontre basée sur la voix. ©Aurore Malet-Karas
Aurore Malet-Karas est docteure en neurosciences, sexologue et thérapeute. Elle a créé Voxlov, la seule application de rencontre basée sur la voix. ©Aurore Malet-Karas
"Au départ, je n'avais pas envie d'être dans la prise de tête
et d'avoir une relation sérieuse.
Maintenant, je suis en couple avec ma dernière relation."
Loïc, étudiant de 21 ans


Les applications de rencontre ne peuvent remplacer la réalité
La rencontre en ligne ne peut que pallier les possibilités du monde réel. Une enquête Meetic, réalisée au mois d’avril, montre que les célibataires redoutaient la fermeture des bars et restaurants (34%), plus que l’absence de contact physique (24%). A noter tout de même : 45% des personnes interrogées indiquaient n’avoir aucune préoccupation. Avec ce constat, on peut se rendre compte que les Français préfèrent se rencontrer pour faire naître une histoire d’amour dans la réalité.
Les applications de rencontre ne peuvent pas remplacer
la réalité
La rencontre en ligne ne peut que pallier les possibilités du monde réel. Une enquête Meetic, réalisée au mois d’avril, montre que les célibataires redoutaient la fermeture des bars et restaurants (34%), plus que l’absence de contact physique (24%). A noter tout de même : 45% des personnes interrogées indiquaient n’avoir aucune préoccupation. Avec ce constat, on peut se rendre compte que les Français préfèrent se rencontrer pour faire naître une histoire d’amour dans la réalité.
Yveline, 23 ans, s’était inscrite pour la première fois sur Fruitz pendant le premier confinement et elle y passait en moyenne trois heures par jour. Mais dès le déconfinement, elle fait le choix de délaisser ce nouveau passe-temps : “j’ai un tempérament assez blagueur, donc je voulais discuter avec des gens. Mais l’été, les bars ont rouvert, j’ai pu retrouver ma sociabilité d’avant.”
Aujourd’hui, elle est en couple avec un garçon rencontré à Strasbourg, sa ville d’études. Loin des possibilités de rencontres en apparence infinies offertes par, comme les appelle Aurore Malet-Karas, les “applications fast food”.