Le Brésil : catalyseur
culturel de Porto

Une série de reportages vidéo réalisée par
Emma Guillaume et Luigy Lacides.

Crédit photo : Emma Guillaume

Crédit photo : Emma Guillaume

Sur les murs, des teintes de jaune et de vert. En cuisine, de l’açaí et du tapioca. Dans les salles de sport, le bruit des pieds qui frottent le tatami pendant les cours de capoeira. Le tout sur des airs de samba, ou de batucada. Le Brésil est omniprésent au Portugal, et Porto, avec Lisbonne, est l’un des principaux points de chute des Brésilien·nes. Ils et elles représentent plus d’un tiers de toutes les communautés immigrées installées sur le territoire. Résultat de 322 ans de colonisation portugaise, et d’une histoire intimement liée sur le plan culturel et politique. 

Pour Porto Kultur Lab, nous avons tenté de comprendre l’influence de la culture brésilienne sur la ville, à travers une série de reportages vidéo.

Épisode 1 - Le Brésil dans l'assiette

Le service du soir débute dans vingt minutes. Luan et ses collègues du restaurant brésilien Capim Dourado mangent avant l’arrivée des premier·ères client·es. Tous·tes ou presque sont originaires du Brésil, venu·es à Porto en quête de stabilité ou d’opportunités professionnelles. Le secteur de la restauration représentait déjà plus de 21 % des activités entrepreneuriales initiées par des Brésilien·nes au Portugal en 2011, selon le Service des Étrangers aux Frontières (SEF). Loin devant le commerce de gros et de détail - 14% des activités.  

Arrivé en mars 2023 de la région du Nordeste, Luan est déjà inséré sur le marché de l’emploi et se sent bien à Porto. « J’ai choisi de venir ici pour développer ma carrière, et être plus à l’aise financièrement », glisse le barmaid, qui perçoit des proximités entre la culture du Brésil et celle du Portugal. « Je pense que l’une influence l’autre. Elles s’entremêlent beaucoup, par rapport à la musique, aux lieux de référence et à la nourriture. » 

Ces rapprochements culturels, initiés par la période coloniale, puis accentués par les mouvements politiques de ces dernières années, ont participé à revitaliser la ville de Porto. Elle comptait plus de 27 000 personnes en provenance du Brésil en 2021, selon le SEF. Feijoada, moqueca, açaí et autres plats brésiliens font désormais partie intégrante du quotidien des Portuan·es. 

Nous sommes allé·es à la rencontre de restaurateur·rices, afin de mieux comprendre l’influence du Brésil sur les papilles portuanes.

Épisode 2 - Porto : foyer de la capoeira

Les rythmes du pandeiro (tambourin à cymbalettes) et de l’atabaque (long tambour) font trembler les murs du complexe sportif de Paranhos, dans la banlieue Nord de Porto. Vêtu·es de blanc de la tête au pied, les capoeiristes virevoltent sur le tatami. 

Dans l'imaginaire collectif, la capoeira est l'un des emblèmes phares de la culture brésilienne. Cet art martial afro-brésilien s'est implanté à Porto, où plusieurs écoles ont vu le jour. Parmi elles, l'Abada Capoeira est reconnue comme la plus importante de la région. Elle est dirigée par le Portuan Sandro, connu sous le surnom d'« Araponga », référence à un petit oiseau originaire de l’Amazonie brésilienne. 

La capoeira séduit à la fois par sa technique et son côté spirituel. « C'est bien plus qu'un sport. C'est toute une philosophie, une façon de vivre, d'appréhender son corps », explique Daniel Peloba, capoeiriste brésilien installé de longue date à Porto. Le Portugal et le Brésil continuent de tisser des relations interculturelles par la capoeira, grâce notamment, aux échanges initiés entre les maîtres·ses capoeiristes des deux pays. 

L'activité a pris une ampleur telle au Portugal que le gouvernement a souhaité encadrer sa pratique et l’institutionnaliser dans les années 2010. À ce jour, une fédération nationale de capoeira existe dans le pays.

Loin d’être des expert·es des esquives et coups de pied, nous avons intégré le temps d’une soirée  la roda (ronde) de l’école Abada, à la rencontre des visages de la capoeira portuane.  

Épisode 3 - La batucadamania

Au fond du centre commercial désaffecté du quartier de Bonfim, les musicien·nes du groupe Batucada Radical se préparent avant le début de leur répétition hebdomadaire. Ils et elles se munissent de leurs baguettes et enfilent leurs percussions, allant du léger tambourin à la grosse caisse. 

Tel un orchestre, ils et elles se rassemblent autour de Jorge Porto, carioca arrivé dans les années 90 à Porto et fondateur historique du groupe en 1994. Les batuqueiro·as frappent, secouent, raclent et frottent frénétiquement leur instrument avec puissance. 

La batucada, courant lié à la samba et au carnaval, est un genre musical désormais largement popularisé à l’international. Porto ne fait pas exception et constitue le foyer portugais de cette musique à la dimension tant festive que politique. 

La responsable de l'institut Pernambuco - Porto, Germana Soares, nuance toutefois l'influence de la musique brésilienne à Porto, majoritairement issue des populations émigrées de Rio et de São Paulo. D'autres zones comme Pernambuco, dans le Nordeste, sont sous-représentées dans les manifestations de la culture brésilienne, selon elle.

Nous avons filmé en rythme pour comprendre la place de la batucada, du maracatu et des autres musiques brésiliennes dans la ville.