Georges-Patrick Gleize écrit l'Histoire

L' historien ancre depuis vingt ans ses romans dans un réel nourri par le territoire .

Dans son jardin, à Foix, Georges-Patrick profite du beau temps

Dans son jardin, à Foix, Georges-Patrick profite du beau temps

Georges-Patrick Gleize, la chemise blanche repassée et la moustache impeccablement taillée, s’installe dans son fauteuil couleur vert d’eau. Sur la table basse face à lui, son dernier livre “Ces ariégeois qui ont fait l'histoire”, méticuleusement disposé. Tout semble réfléchi. L’écrivain l’admet de son accent chantant, “je suis habitué des médias”.

Bien que né à Paris, de parents “peu ordinaires”, Georges-Patrick a néanmoins grandi en Ariège, la région de ses grands-parents qui l’y ont élevé. "J'ai des racines ariégeoises assez puissantes et profondes”, affirme t-il. De ses jeunes années, il garde peu de souvenirs de la capitale, surtout les parfums de “son Paris”. De l’Ariège, il se rappelle, avec beaucoup de tendresse, “un monde empreint de ruralité”. Habitué tout petit à côtoyer les bêtes, il se remémore “la grosse langue râpeuse des vaches qui venaient lui lécher du sel dans les mains”. Écrivain et ancien professeur d'histoire, il s’est spécialisé à Toulouse dans l’étude des campagnes ariégeoises au XVIIIe siècle. Une époque où il passait alors “tous ses week-end en Ariège”.

Installé derrière son ordinateur, l'écrivain travaille sur son prochain roman

La terre de ses ancêtres

Il s’installe pour son premier poste d’enseignant à Dunkerque. C’est là, quand il se retrouve loin de “son pays”, qu’il se rend compte de l’importance de ses racines. Sur place, il a même fondé le “cercle des occitans en exil". Il ajoute : “c’est quand on est loin qu’on se rend mieux compte de tout ce qu’on doit à ses origines et son patrimoine, de cet enrichissement”. L’écrivain parle de son département avec passion et fierté. Son attachement au territoire “s’est renforcé avec l’âge”. Il ressent notamment “le besoin de parler le patois pour retrouver le sel de la terre de son enfance”. Georges-Patrick raconte avec joie : “l’Ariège, c’est la terre de mes ancêtres, elle m'inspire et je m’en sens l'héritier avec comme mission de transmettre certains éléments de ce passé”. Il ajoute :“le patrimoine me paraît fondamental, c’est plus qu’un contexte, c’est une substantifique moelle dont on se nourrit”.

"Quelques pas dans la neige", l'un des vingt romans de l'ariégeois.

“Tout ce que j’écris est vrai” 

Tous les ouvrages de Georges-Patrick Gleize sont empreints d'histoire en particulier du XIXe et XXe siècles. ”Tout ce que j’écris est vrai ou pourrait l’être. Tout comme mes personnages”, affirme l’auteur dont les écrits révèlent un souci du détail. La première scène de son livre “Un Brin d’espérance”, décrit un effroyable orage qui détruit tout un troupeau de moutons, ce qui va ensuite pousser un jeune paysan à devenir ouvrier. “Je situe le récit en 1927, mais ces événements se sont réellement produits en 1911”, raconte t-il. 

Georges-Patrick a écrit une vingtaine de romans, toujours inspirés de l’Ariège. Il souhaite, à travers ses récits, mettre en œuvre, en tant qu'historien et romancier, la richesse de l’identité ariégeoise. “J'ai agi en quelque sorte comme un ambassadeur de l'Ariège, lassé que l’on confonde l'Ariège et l’Ardèche”, plaisante-t-il.

Georges-Patrick Gleize, travaille avec passion.

“L’écho des mots coupé”

Ses deux derniers livres sont sortis en janvier et avril dernier. Il a souffert de n’avoir  pu se rendre dans les salons du livre ni aux rencontres littéraires comme il en avait l’habitude. “Le métier d’écrivain est un métier solitaire", explique Georges-Patrick avec un soupir. “L’écho de nos mots à été coupé”.

 Son prochain livre, La neige des autres, sortira le 8 septembre chez Calmann Lévy. “Tout est prêt, les couvertures sont déjà faites”, dévoile l’auteur avec une satisfaction mêlée d’impatience. Avec toujours un temps d’avance, Georges-Patrick a déjà commencé son prochain roman, qu’il compte publier en 2022. Il en écrit un par an et ce, depuis 20 ans. “C’est un rythme de vie”, s'exclame t-il.

 Il désigne fièrement le livre posé devant lui en prenant soin de préciser qu’il ne s'agit pas là d’un roman, mais “d'Histoire accessible au grand public”. Un genre qui le pousse à s'attribuer à lui-même le sobriquet de "Stéphane Bern ariégeois”. Le sourire aux lèvres, il raconte fièrement :  “il y a des gens qui viennent en Ariège parce qu’ils ont vu mes livres, ma mission est alors remplie. Celle d’être un facilitateur de territoire”. 

Depuis son jardin, le romancier a une vue imprenable sur la montagne.