En Belgique,
les librairies sont essentielles

Alors que le gouvernement français a décidé de fermer les librairies pendant le confinement, provoquant la colère des libraires et de nombreux lecteurs, la Belgique, elle, a fait le choix inverse. Le gouvernement De Croo a justifié cette exception en expliquant qu’il souhaitait préserver la santé mentale des Belges.

Librairie Bleus d'Encre à Bruxelles pendant le confinement (novembre 2020)

Librairie Bleus d'Encre à Bruxelles pendant le confinement (novembre 2020)

Tout comme la France, la Belgique a dû avoir recours à un second confinement pour limiter la propagation de la Covid-19. Les mesures appliquées par les deux pays voisins sont cependant différentes. Si la plupart des établissements commerciaux belges sont fermés pour une période initiale de six semaines, certains autres considérés comme “commerces essentiels” ont pu rester ouverts. En Belgique, les magasins d’alimentation, les pharmacies et les stations-service figurent sur cette liste, mais aussi les librairies.

À Bruxelles, la librairie Bleus d’Encres est remplie. Les clients s’enchainent, mise de gel à l’entrée, masques aux visages, ils parcourent les rayons de cette librairie de 170 mètres carrés. C’est un endroit paisible et agréable où chacun cherche sa nouvelle lecture en silence. Au fond du magasin, Claude le gérant, lui, parle fort. Il prend des nouvelles de ses clients, conseille le dernier bon roman qu’il a l’u avec beaucoup d’enthousiasme. Sur la droite, il y a un petit espace « café » ou l’on pouvait auparavant s’asseoir et boire quelque chose tout en lisant. Aujourd’hui, les chaises sont vides, mais Claude espère pouvoir un jour retrouver cet endroit rempli qui est très convivial. 

Si les librairies belges ont eu le droit d’ouvrir leurs portes durant ce second confinement, selon l'arrêté ministériel du gouvernement, cela n’avait pas été le cas durant le premier confinement. Cette fois-ci, les elles ont été jugées nécessaires pour maintenir en vie la culture. Comme l’a expliqué le vice-Premier ministre belge, Georges Gilkinet : « Il nous semble essentiel de développer une attention à l’égard des plus fragiles, mais aussi au niveau de la santé mentale de tous les Belges ». Selon Claude, gérant de la librairie Bleus d’Encre, si les librairies ont pu ouvrir pendant ce deuxième confinement c’est un peu grâce à la France explique-t-il d’un ton amusé. « Au départ, il y a eu un peu de pression de distributeurs et de libraires qui s’est faite, mais je pense que le dernier coup de pouce ça a été la France et le tollé que ça a fait d’avoir fermé les librairies en France. Donc ils n’ont pas osé le faire ici. »

En effet, il y a eu une très large convergence de points de vue au sein du gouvernement belge. C’est sur base d’une requête appuyée par la ministre de la Culture Bénédicte Linard (Ecolo), et soutenue par les trois partis francophones MR, PS, Ecolo, que l’ouverture des librairies a pu être autorisée. Une volonté d’envoyer d’un signal fort, pour faire vivre la culture. Pour Sophie, cliente régulière de la libraire Bleus d’encre, il n’y a pas de doute : « la culture c’est essentiel ! C’est vrai que pendant le confinement à part la télévision pour me divertir, je lis et pour moi, c’est indispensable. » Elle explique vouloir soutenir les libraires et ne pas commander ses livres sur internet. Classer ces établissements en tant que « commerces essentiels » est aussi pour le gouvernement belge une façon de les épargner face aux géants de l’e-commerce. Claude, le gérant de Bleus d’Encre, explique que les clients sont au rendez-vous, il travaille « normalement » même si les gestes barrières limitent le nombre de clients dans sa boutique. « C’est surtout le samedi, quand il y a pas mal de monde, on doit faire attendre les gens dehors. Mais tout le monde se plie aux règles sans problèmes. »

Libraire Bleus d'Encre à Bruxelles.

Libraire Bleus d'Encre à Bruxelles.

Claude, gérant de la librairie Bleus d'Encre.

Claude, gérant de la librairie Bleus d'Encre.

Cliente de la librairie

Cliente de la librairie