E-sport, une école pour devenir pro ?

De nombreux jeunes rêvent d'intégrer le monde de l'e-sport. A l'image de l'Education Gaming School, plusieurs écoles surfent aujourd'hui sur cette tendance et proposent aux élèves de se laisser une chance de réaliser ce rêve grâce à un cursus scolaire.

. Créée l'année dernière à Talence, l'Education Gaming School fait partie de ces nouvelles écoles proposant une formation aux métiers du sport électronique. 170 élèves ont fait leur rentrée sur le nouveau campus situé à Mérignac. Tous ont été attirés par l'essor des formations e-sport initié en France en 2016. Ils espèrent un jour atteindre le monde du jeu vidéo en compétition qui ne cesse de se professionnaliser et dont le marché économique est en perpétuelle croissance. Des dizaines de millions d'euros de gains mis en jeu chaque année, un milieu de plus en plus médiatisé et reconnu... Voilà qui a de quoi laisser rêveurs de jeunes férus du gaming tels que ces étudiants.

"C'est très rare de devenir pro"

A l'instar de ses camarades, Killian, 20 ans, aspire à rejoindre le milieu de l'e-sport. C'est pourquoi, il a choisi de rejoindre l'EGS, école lui permettant de décrocher un diplôme reconnu par l'Etat. Argument qui a du peser pour convaincre ses parents, au départ dubitatifs face à ce choix d'études original. Après un an passé à l'EGS, il reste lucide sur ses maigres chances de devenir joueur professionnel. Mais pas d'inquiétudes pour lui, le digital lui permet de garder sa sérénité quant à ses débouchés futures.

"Sur 10 000 étudiants ? Un seul deviendra joueur professionnel."

En tant qu'ancien pro gamer sur le très compétitif League of Legends, Tony Carmona sait parfaitement à quel point atteindre ce statut relève de l'exceptionnel. Aujourd'hui coach à l'EGS, "Shlaya" concède que l'objectif tant rêvé de ses disciples sera presque impossible d'accès. Il le précise toutefois : l'école n'a pas la prétention d'affirmer que ses élèves deviendront professionnel, mais elle les accompagne et leur offre d'autres perspectives d'avenir.

Et les parents ils en pensent quoi ?

Entre 7300 et 8000 euros l'année. La somme en refroidirait plus d'un. Et pourtant les parents des élèves de l'EGS ont fait le pari d'inscrire leurs enfants au sein d'une formation labellisée esport. "Oui, le prix est relativement élevé, mais une école d'ingénieur aurait à peu près couté la même somme", concède Hervé, père d'un des étudiants. Les frais d'inscription n'ont pas du tout été problématiques pour Karine qui considère que l'avenir de son fils n'a pas de prix et que "c'est aux parents de soutenir leurs enfants dans leur voie."

A l'image des autres parents, Hervé et Karine soutiennent pleinement la volonté de leurs enfants d'exercer leurs passions. Ils l'affirment tous les deux, malgré l'incertitude qu'entoure l'esport, la formation digitale proposée par l'EGS les rassure quant à l'avenir de leurs fils. Hervé émet tout de même une crainte, "Il ne faudra pas se laisser prendre par le jeu et délaisser la partie enseignement digital." Pas sûr que tous les parents seraient prêts à franchir ce pas.

Une inauguration en grande pompe

Après une première année passée à Talence, l'EGS investissait officiellement le 21 novembre 2019 ses nouveaux locaux basés à Mérignac. Le nouvel écrin, d'une superficie de près de 2400 m2, accueillait donc étudiants, parents, partenaires et sponsors lors d'une soirée.

But de l'opération : célébrer un déménagement, tout en rassurant les parents qui seraient encore sceptiques. Concert privé, animation cosplay, photomaton en libre service et buffet de qualité ... L'école n'a pas lésiné sur les moyens pour ces invités du soir.

Tout était en place pour que l'opération séduction fonctionne. Si une partie de l'audience doutait encore du sérieux affiché par l'EGS, ces incertitudes se sont peut-être évaporées à la vue de ses fournisseurs de matériel professionnel (REKT, PNY...) et de ses partenaires dont fait partie la Mairie de Mérignac.

"Pour être honnête avec vous, ça a fait peur à certains"

Marie Recalde, adjointe au maire de Mérignac chargée d'innovation et d'éducation était présente pour afficher le soutien de la ville à Yoann Rousset, directeur de l'EGS. Le monde de l'e-sport étant encore méconnu pour beaucoup, l'élue admet s'être initialement interrogée sur l'école et son projet.Mais face aux garanties offertes par l'établissement et connaissant le travail effectué par son directeur à Talence, la Mairie a finalement décidé de soutenir la manœuvre et ce secteur d'avenir.