Drag queens,
de New York à Bordeaux

credit photo : @ilobobby

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Immersion

Pas moins de quatre soirées en une semaine ! Dans le programme de la ville de Bordeaux, difficile de ne pas croiser d'événements "drag". Marginale et underground, la scène drag remonte à la surface... et en puissance.

Les Tatas Bordelaises

Les Tatas Bordelaises

Deux salles, deux ambiances. Au premier étage du bar HMS Victory, les cris des supporters anglais se confondent avec ceux des commentateurs du match de football et le tintement des pintes de bière. Il suffit de descendre l'escalier en colimaçon pour changer d'atmosphère. Au rez-de-chaussée, sous le clignotement multicolore des projecteurs, le collectif de drag queens Les Tatas Bordelaises accueille les spectateurs.

Ce podcast retrace l'essor de la scène drag queen à Bordeaux à travers les yeux d'Anushka, membre du collectif des Tatas Bordelaises. Le public présent à la soirée organisée par Anushka mais aussi par Miss Kahlo Graham et Lucy Sombralagazza, nous confie ses impressions sur le show.

Une queen, un monde

La palette est vaste et haute en couleur. Chaque drag incarne une véritable identité à travers son personnage. De la comédie à la danse, du "lip sync" à un hommage émouvant, les performances s'enchaînent avec un maître mot, la créativité. En coulisses, Anushka Rasovsky nous livre sa vision de cet art né dès la fin du XIXème siècle.

Les drag queens se transforment, mais elles changent aussi le monde qui les entoure. Anushka décrit, amusée, comment certaines personnes "découvrent le drag, puis viennent un jour avec un petit trait d'eye-liner", avant de sauter le pas et d'arborer "un make-up entier, voire une wig" (perruque). De show en show, le public s'élargit autant qu'il se métamorphose.

A Bordeaux, « tout est allé très vite »

Avec l’arrivée d’une compétition américaine de drag queens sur Netflix en 2017, les pratiques drag se démocratisent. Après avoir enflammé  la scène parisienne, le phénomène atteint Bordeaux, 40 ans après son essor aux Etats Unis. 

« J’ai commencé à me maquiller en mars 2018 en regardant Ru Paul’s drag race, un concours de drag», se remémore Andrea Liqueer, une queen bordelaise membre du collectif Maison éclose. Trois mois plus tard, la femme à la barbe pailletée a contaminé ses copines. Ensemble, elles défilent transformées pour la première fois à la gay pride de juin 2018, et créent dans la foulée Maison Eclose. Aujourd’hui, leur collectif regroupe quatre créatures de la nuit et comptabilise près de 1500 abonnés sur son compte Instagram. 

Première sortie en drag d'Andrea Liqueer et ses copines à la Gay Pride 2018, les prémisses de Maison Eclose. Crédit : Andrea Liqueer

Première sortie en drag d'Andrea Liqueer et ses copines à la Gay Pride 2018, les prémisses de Maison Eclose. Crédit : Andrea Liqueer

Des collaborations qui s’enchaînent…

« Après, tout est allé très vite. » introduit Andréa. Tout l’été 2018, des organisateurs de rave les invitent à apparaître durant leurs fêtes techno sauvages. Puis, dès novembre, le collectif  se produit tous les lundis durant des rediffusions de l’émission de RuPaul au Café pompier, l’association de l’école des Beaux Arts. « La plupart des spectateurs n’avait jamais vu de drag queens, on les invitait sur scène. Ca a pris, certains s’y sont mis » , se réjouit la nymphe de 28 ans.

Avant chaque show, Andrea se maquille consciencieusement. crédit photo : Niiinia

Avant chaque show, Andrea se maquille consciencieusement. crédit photo : Niiinia

Après novembre 2018, comme les perruques se succèdent pour Andrea, les collaborations s’enchaînent pour Maison Eclose. Dans des bars, des discothèques comme l’IBoat ou lors d'événements soutenus par la mairie comme le Festival des arts de Bordeaux. Le 23 novembre dernier, le collectif a même eu l’opportunité de performer aux côtés de la youtubeuse Lolla Wesh et du rappeur à talons Igor Dewe, des stars du milieu.

Des "écoles" de drag 

Deux autres importants collectifs bordelais, « La casa de las maryposas » et celui d’Anushka Rasovsky ont aussi été créés après la marche arc en ciel de juin 2018. 

« Après avoir gagné une compétition parisienne de drag queen en mai dernier,  Maryposa est la seule bordelaise à presque pouvoir vivre du drag » précise Andrea. Elle organise chaque mois les « drag games », un concours entre 3 drags, au Bad Mother Fucker et invite des drags naissantes, les babys drag, à performer.

Angelo, baby drag queen d'Anushka Rasovsky du collectif Les Tatas Bordelaises.

Angelo, baby drag queen d'Anushka Rasovsky du collectif Les Tatas Bordelaises.

Les aider comme une mère, c’est aussi ce que propose le « Couvent ». « C’est pour les drags effrayées comme moi", rit « Fluffy » un bénéficiaire du couvent. « On y apprend à se maquiller, à créer notre personnage et à performer ». Anushka le rappelle, « des "babys drags" naissent tous les jours »…

Léa Surmaire, Pauline Senet et Noa Thomas

Où sortir à Bordeaux pour découvrir la scène Drag ?

Instarview

Si le milieu drag king bénéficie de moins de visibilité que ses consœurs drag queens, il continue de prend vie : A traversdes show, mais aussi entre les performances dans les illustrations de la bordelaise Marie Lou Duret. Cette "drag king des cavernes", comme elle aime se définir, nous raconte le temps d'une conversation Instagram sa démarche.

Extrait du "Kingtober" de l'illustratrice Marie-Lou Duret.